• Chocolat - La véritable histoire d'un homme sans nom.

    Pendant la "Belle Époque", le cirque était l'une des attractions favorites des gens de la haute société parisienne. Et les deux plus grandes vedettes de la piste étaient Foottit et Chocolat, les inventeurs du duo "Clown Blanc et Auguste", qui se produisaient alors au sein du "Nouveau Cirque" de Paris.

    Chocolat - La véritable histoire d'un homme sans nom.

    Gérard Noiriel, l'auteur du livre chroniqué ici, est un historien spécialisé dans des ouvrages consacrés à l'immigration. Il y a quelques années, il fut conseiller d'une troupe théâtrale qui montait un spectacle consacrée à Chocolat, et destiné à être présenté dans les établissements scolaires pour éveiller les jeunes à la bêtise du racisme. Trouvant le sujet passionnant, il élargit ses recherches afin d'en tirer un livre.

    Durant sept ans, de Cuba où le petit Rafael naquis aux alentours de 1860 à Bordeaux où Chocolat décéda en 1917, Noiriel a récolté des informations sur le personnage mais aussi sur son environnement, le cirque, une grande "famille", dans laquelle cet ancien esclave trouva sa place, et sur la France de l'époque, à la fois si différente et si semblable à celle que nous connaissons aujourd'hui.

    En lisant cet ouvrage, j'ai fais des découvertes étonnantes, et en premier lieu que le cirque était, comme je l'ai dit en préambule, très prisé par ce que l'on appelait à l'époque la "High Life", constituée des nobles, des grands industriels, des journalistes (qui faisaient et défaisaient les réputations) et des hommes politiques. Il s'agit là bien sûr du cirque "noble", celui qui présente en particulier des numéros équestres entrecoupés de jongleries et de "pantomimes", pas des petits cirques de province sous chapiteaux en toile, considérés comme "vulgaires".

    Cette "Belle-Époque" voit aussi arriver les premiers spectacles venus d'outre-Manche et aussi d'outre-Atlantique, comme les "Minstrels", des pantomimes jouées par des comédiens blancs grimés en noirs, ou le fameux "Buffalo Bill Wild West Show" qui parcourut l'Europe avec succès.

    Autre sujet du livre, le plus important,  le racisme de l'époque, basé sur une vision ethnocentriste de la France coloniale : le Noir, l'asiatique, l'arabe sont des êtres étranges qui ne demandent qu'à être éduqués par la civilisation française blanche et forte de son "humanisme".

    Chocolat, alias Rafael, est vu par les blancs comme un clown, mais il a su, grâce à son sens du comique, détourner à ce point le poncif du "nègre" rigolard recevant des coups qu'il devint une célébrité, une des premières "stars" populaires, apparaissant dans des publicités (qu'on appelait à l'époque "réclames"), et, fait étonnant, devenant l'un des premiers clowns à se produire dans des hôpitaux devant des enfants malades.

    Autre découverte faite dans ce livre : en 1896, Footit et Chocolat posèrent pour une invention de l'ingénieur Émile Reynaud, le praxinoscope. Aujourd'hui complètement oublié, cet appareil - semblable à la "lanterne magique" - diffusait des petits "films" qui firent sensation dans la capitale... avant que les frères Lumière n'inventent le cinéma.

    Malheureusement, Reynaud, ruiné quelques années après, détruisit son invention et brula toutes les bandes. Il ne reste donc plus que les fameux films des Lumière pour redécouvrir le duo clownesque dans ses oeuvres.

    Pour résumer, ce livre, très bien documenté et passionnant, nous transporte en un temps révolu, empli de contradictions et de paradoxes, et qui tout compte fait, ressemble beaucoup au nôtre...

     

    Chocolat - La véritable histoire d'un homme sans nom.

     

    Je voudrais évoquer ici le film de Roshdy Zem, Chocolat, que j'ai chroniqué sur Ana'Blog (lien ici).  Inspiré par un premier livre de Gérard Noiriel sur le clown noir, il prend des libertés par rapport à la vie du héros.

    Ainsi, dans le film, c'est George Footit qui découvre celui qui n'était encore que Rafael Padilla dans un petit  cirque minable où il se produit sous le déguisement d'un "cannibale". Dans la réalité, Rafael, esclave en fuite, vivote à Bilbao en Espagne lorsqu'il rencontre Tony Grice, un autre clown anglais, qui va l'employer comme "cascadeur" et aussi comme domestique. Grice étant ensuite engagé au "Nouveau Cirque" à Paris, il embarque le jeune homme qui va ainsi devenir une des attractions du spectacle.

    C'est donc au "Nouveau Cirque" que Chocolat et Footit vont se rencontrer quelques années plus tard, et chacun est à cette époque déjà connu du monde circassien.

    Autre altération - due sans doute à un soucis de raccourcit scénaristique - lorsque Rafael rencontre sa future compagne Marie. Présentée comme veuve et infirmière dans le film, elle était en fait divorcée et travaillait comme couturière pour nourrir ses enfants. N'ayant pas d'état-civil, Rafael ne pût l'épouser, mais il vécu avec elle jusqu'à sa mort et éleva ses deux enfants.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Daniel
    Vendredi 12 Août 2016 à 15:53

    Léon Gaumont a lui aussi créé avec le photographe Georges Demeny une machine projetant des images mais ils mettent trop de temps a informer le grand public ce qui permet aux frères Lumière de les devancer..Gaumont parvient aussi a coupler le son et l image mais ça n interesse personne ce qui permet un peu plus tard a Warner de s attribuer la paternité du cinéma parlant avec le film " Le chanteur de jazz". Alors...qui a inventé le cinéma ?...question difficile !

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