• Pour en finir avec l'affaire Seznec

    Après avoir lu "Nous, les Seznec", de Denis Seznec, j'ai fait le tour du Net pour en savoir plus sur cette affaire qui depuis presque un siècle inspire des journalistes, des avocats, des cinéastes ou des citoyens lambda intrigués par cette énigme policière et judiciaire.

    Pour en finir avec l'affaire SeznecC'est ainsi que j'ai découvert ce livre, l'un des plus récents publiés sur le sujet (2014) et écrit par Denis Langlois, le premier à avoir épluché vraiment l'énorme dossier constitué depuis 1923.

    Denis Langlois fut avocat pour la Ligue des Droits de l'Homme. En 1971, il publie "Les dossiers noirs de la police française", qui lui vaut un procès en diffamation qui l'oppose au Ministre de l'Intérieur de l'époque.

    C'est en 1976 qu'il est contacté par un directeur d'école à la retraite, René Trémon qui s'intéresse à l'affaire Seznec et souhaiterait qu'il engage une action judiciaire en vue de la révision du procès de 1924. L'avocat n'est pas très "chaud" pour se lancer dans l'aventure, mais il commence à être fasciné par l'affaire.

    C'est après la rencontre avec Jeanne Le Her, fille de Guillaume Seznec, qu'il finit par accepter d'être l'avocat de la famille. Il fait aussi connaissance avec Denis Le Her (alors âgé de 17 ans) qui - selon Langlois - n'était pas intéressé par l'affaire à ce moment-là.

    Dès 1978, Denis Langlois a en main une preuve menant à une thèse nouvelle : Bernard Le Her, frère de Denis, lui fait écouter l'enregistrement d'une conversation qu'il a eu avec son oncle "Petit-Guillaume" Seznec, lequel avouant un secret de famille directement lié à l'affaire.

    Le livre dont il est question ici fut pour moi une véritable "révélation" dans le sens où il fait entendre un autre "son de cloche" ; il relativise également l'ensemble, remettant les événements dans leur contexte et les différents acteurs dans leurs rôles respectifs.

    Ainsi, Denis Langlois dresse un portrait peu flatteur de Guillaume Seznec : loin du "martyr" glorifié par son petit-fils, c'était un homme peu apprécié dans la ville de Morlaix où il habitait, et qui avait même la réputation d'être un peu "ficelle" quand il s'agissait d'argent. Son attitude lors de la Première Guerre Mondiale ne plaide pas en sa faveur, pas plus que sa conduite lors de son incarcération au bagne.

    Langlois tord également le cou à une théorie largement reprise dans nombre de livres consacrés à l'affaire : le fameux "trafic" de Cadillac avec la Russie s'avère être un "fantasme".

    Fantasme aussi les malversations de Pierre Bonny, qui aurait falsifié des preuves pour incriminer Seznec. En 1923, il n'était qu'un subalterne de l'inspecteur chargé de l'enquête. Imaginer qu'il ait pu agir sournoisement pour "charger" Seznec est purement gratuit selon Langlois.

    Même Denis Le Her (devenu Denis Seznec) en prend pour son grade : égocentrique, il s'est complètement approprié l'affaire au point de ne pas apprécier que d'autres s'y intéressent. Connaissant le fameux "secret de famille" qui est au centre du livre de Langlois, il l'a évacué dans sa recherche effrénée de vouloir à tout pris réhabiliter son grand-père.

    Car ce qui empêche la Justice de réviser le procès, c'est justement le chef d'accusation : Guillaume Seznec a été condamné pour "faux en écriture" et a bénéficié du doute légitime quant au meurtre de Quémeneur. Or, Denis Seznec refuse de croire que son grand-père aurait pu être un faussaire, alors que les preuves à ce sujet sont accablantes.

    Bref, l'affaire Seznec est devenue un cas d'école en ce qui concerne la cristallisation de passions, de doutes, de soupçons, de théories plus ou moins fantaisistes qui peuvent transformer un fait-divers en affaire passionnant des nuées de journalistes, de romanciers, de scénaristes et... d'internautes !

     

    Pour en finir avec l'affaire Seznec - Denis Langlois - Éditions de la Différence

     

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