L'affaire à commencé dans le "feutré" : Flavie Flamant, animatrice de télévision, sort un livre où elle évoque son viol par un "célèbre photographe" dans les années 80, alors qu'elle n'a que 14 ans. Elle ne dévoile pas le nom de son agresseur.

L'animateur Thierry Ardisson, lâche le nom de l'individu : il s'agirait de David Hamilton, célèbre dans les années 70 pour ses photos de "nus artistiques" de très jeunes filles. C'est alors que les langues se délient, on apprend que d'autres jeunes femmes ont été elles aussi victimes du photographe. L'une d'elle aurait portée plainte dans les années 90 avant qu'une somme d'argent "en compensation" ne la convainc de renoncer à poursuivre son bourreau en justice.

David Hamilton, âgé de 83 ans, fait savoir qu'il portera plainte pour "diffamation". Puis, hier soir, il se donne la mort par overdose de médicaments... L'affaire s'est donc terminée par ce que certains voient comme une preuve de culpabilité, d'autres comme l'ultime geste d'un homme désespéré par la calomnie.

Depuis longtemps, j'ai énormément de compassion et d'empathie pour les victimes de viol ou d'inceste. "L'affaire" Flavie Flamant me dérange toutefois, et pour de nombreuses raisons :

- Des parents qui laissent leur enfant seul avec un photographe, aussi célèbre soit-il, sont à mes yeux aussi responsables en cas de viol.

- Une animatrice, qui , parce qu'elle a soudain réalisé ce qui lui est arrivé, ne trouve rien de mieux que... d'écrire un livre. Au lieu de chercher à contacter d'autres victimes et de trainer le coupable au tribunal, on a l'impression là qu'elle n'a fait que se laisser tenter par l'idée de gagner un peu d'argent en se posant en "victime".

Entendons-nous bien : je ne cherche pas à "taper" sur les femmes qui ont récemment écrit des livres pour se libérer de leurs passé douloureux. Le viol et l'inceste sont des monstruosités qui "bouffent" ceux et celles qui en sont victimes. Le fait d'écrire, de faire éditer un livre, de lancer leur douleur à la face du monde peut-être une façon de se reconstruire. Mais dans le cas de Flavie Flamant, je suis gênée. Je n'ai pas lu le livre, je ne le lirais sans doute jamais, mais je trouve qu'il fait plus de mal que de bien aux victimes.

- Un artiste qui se suicide après avoir été accusé de pédophilie : je ne peux m'empêcher de considérer cela comme un "aveu", même si, en droit français, on est "innocent jusqu'à ce que la justice apporte des preuves de culpabilité". Je me dis que son avocat lui a fait savoir que le dossier à charge le concernant est suffisamment lourd pour l'envoyer en prison.

- Un présentateur télé qui joue les "justiciers", livrant au public le nom d'un homme. Là, je suis écoeurée : F. Flamant a été d'ailleurs acculée à dire qu'effectivement, c'est bien Hamilton qui a abusé d'elle. À moins d'imaginer là une sorte de "coup publicitaire" dégueulasse (le mot n'est pas trop fort) que les deux présentateurs ont monté pour faire vendre le bouquin.

Monsieur Ardisson, dont je n'ai jamais vu aucune émission, a une réputation assez "sulfureuse" semble-t-il. Apprécierait-il qu'un autre présentateur livre son nom en pâture aux journalistes dans une affaire semblable ?

- Une victime qui accepte de l'argent pour retirer sa plainte : j'avoue qu'une telle attitude me met en colère. À mes yeux, ce n'est au mieux qu'une forme de chantage, au pire de la prostitution. Plus grave encore, cela donne à penser qu'une célébrité passe plus facilement à travers les mailles de la justice qu'un violeur lambda. Imaginez ce que peuvent ressentir les autres victimes !

Pour résumer, je dirais que tout cela n'est pour moi... qu'une triste et sordide affaire de "gros sous", et que cela porte préjudice aux victimes de viol : ce n'est pas demain la veille que la justice renoncera au principe de "prescription" après un tel emballement médiatique.